qui retient ses cheveux, là chaîne d’or qui brille sur son sein, tout est reconnu. Gustave s’écrie : C’est elle ! et il s’élance au milieu du cortége ; les femmes, épouvantées, s’enfuient en jetant des cris perçants : son cheval en est effrayé ; il se cabre, le renverse, et Gustave va tomber mourant sur le parvis de la cathédrale.
Je vole à son secours ; un officier fend la foule pour arriver jusqu’à nous. C’était le major de Saint-Edme ; il m’aide à relever mon maître, à le transporter dans une maison voisine ; là, nous étanchons le sang qui sortait de sa plaie ; car, en tombant, sa tête avait porté sur l’angle d’une pierre ; et la violence du coup, jointe à l’horrible spectacle qui venait de frapper ses yeux, lui avait ravi l’usage de ses sens. Bientôt le bruit se répandit qu’un militaire français venait de se blesser mortellement en tombant de cheval ; alors presque tous les officiers de la place vinrent s’informer de ses nouvelles. Le chirurgien, appelé pour le soigner, ordonna, avant tout, de le transporter à l’hôtel de Rome. Bernard et moi fûmes chargés de ce soin ; et c’est par le même chemin où la belle Stephania venait de passer pour la dernière fois, que nous ramenâmes sur un lit de douleur, et presque aussi inanimé qu’elle, l’infortuné Gustave.
XLVII
Que de cruelles réflexions vinrent alors m’assaillir ! Combien je me reprochai de n’avoir point prévenu mon maître de l’événement funeste qui, sans doute, l’attendait à Milan ! Pourquoi ne lui avais-je pas rendu cette lettre que je portais encore là sur mon cœur, et qui lui semblait un poids accablant ? Elle lui aurait fait pressentir son malheur ; nous en eussions pleuré ensemble, et je ne l’en aurais pas vu frappé comme d’un coup de foudre. Sont-ce là, pensais-je, les soins que j’ai promis à madame de Révanne ; et me pardonnera-t-elle jamais une si coupable imprudence !
Pendant que je m’accusais ainsi, nous approchions de l’hôtel de Rome : Le major nous avait devancés pour dire à ma-