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LA MARQUISE dicte, et le Chevalier écrit.

« Madame, M. le marquis de Sénante daignait m’accorder la main de sa nièce ; mais je ne puis accepter un aussi grand bienfait. »

LE CHEVALIER s’interrompant.

En fait de sacrifice on peut tout demander ;
Mais lorsqu’on en obtient on en doit accorder,
Et vous devriez bien éloigner ce Merville ;
Sa présence me gêne.

LA MARQUISE.

Sa présence me gêne.Oh ! rien n’est si facile ;
Vous n’avez, pour cela, qu’un mot à joindre ici.

LE CHEVALIER.

Et ce mot, quel est-il ?

LA MARQUISE.

Et ce mot, quel est-il ?Écrivez, le voici.

(Elle dicte.) « Merville adore votre aimable Delphine ; il en est aimé ; protégez leur amour, et permettez-moi, madame, de m’associer à vous pour accomplir leur bonheur. »

LE CHEVALIER, après avoir plié la lettre.

Faut-il ?

LA MARQUISE.
(Elle prend la lettre.)

Faut-il ?Donnez. (À part.) Enfin il s’est laissé surprendre.

LE CHEVALIER à part, en se levant.

Ce billet, avant peu je saurai le reprendre.

LA MARQUISE.

De cet accord au moins si quelqu’un se repent.
Ce ne sera pas moi.

LE CHEVALIER.

Ce ne sera pas moi.Ni moi non plus, vraiment ;
Car pour tenir de vous le seul bien que j’envie,
Le ciel m’en est témoin, j’aurais donné ma vie ;
Trop heureux de pouvoir, bravant le sort jaloux,
Après tant de bonheur, mourir à vos genoux.

(Le Chevalier est au moment de tomber aux genoux de la Marquise, quand la porte s’ouvre.)