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Il fallait les tromper sur l’objet de ma flamme :
C’est alors que formant un dessein courageux,
Je parus à Delphine adresser tous mes vœux.
À rester près de vous elle était destinée,
Ma vie à votre sort allait être enchaînée ;
Et l’aspect enivrant d’un si doux avenir
M’a séduit, j’en conviens ; pourriez-vous m’en punir ?

LA MARQUISE.

Non ; mais ainsi que vous, à mes projets fidèle,
Je saurai me soustraire à la peine cruelle
De vous voir accomplir un hymen que je hais.

LE CHEVALIER.

Qu’osez-vous dire , ô ciel !… vous, me fuir ? non jamais.
Eh quoi ! de cette enfant…

LA MARQUISE.

Eh quoi ! de cette enfant…Je veux le sacrifice.

LE CHEVALIER.

C’est à votre beauté rendre bien peu justice,
Que de craindre un instant qu’on hésite entre vous.
Mais je suis trop flatté de ce soupçon jaloux,
Pour n’être pas ravi d’avoir à le détruire.
Ainsi donc, commandez.

LA MARQUISE.

Ainsi donc, commandez.Eh bien, il faut m’écrire…

LE CHEVALIER.

Tout ce que vous voudrez ; dictez.

LA MARQUISE montrant une table.

Tout ce que vous voudrez ; dictez.Mettez-vous là.

LE CHEVALIER, allant à la table.

Me trouvez-vous assez soumis comme cela ?

LA MARQUISE souriant.

Je n’attendais pas moins de votre complaisance.

LE CHEVALIER à part.

J’aurai mon tour. (Haut.) Allons, prononcez la sentence.