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LE CHEVALIER.

Pourquoi pas ?… Suis-je donc à vos yeux si coupable,
D’avoir imaginé cette petite fable,
Dont il ne peut jamais résulter d’autre mal,
Que de prouver à tous l’intérêt sans égal
Que porte à votre époux un ami très-sincère ?
Est-ce là pour personne un sujet de colère ?

LA MARQUISE.

Je voudrais comme vous m’aveugler là-dessus,
Mais vainement j’essaie…

LE CHEVALIER.

Mais vainement j’essaie…Eh bien ! n’y pensez plus,
La chose est faite, ainsi laissez la destinée
Arranger à son gré cette heureuse journée.

LA MARQUISE.

Mais ils vont en prison.

LE CHEVALIER.

Mais ils vont en prison.Bon, ne les plaignez pas,
Ils sont fort bien traités, je les ai vus là-bas :
On les a poliment mis tous deux en voiture.
Il est vrai que Malta faisait une figure…
Quelle mine, grands dieux ! ah, vous en eussiez ri,
Il était consterné ; quant à votre mari,
Il avait près de lui la meilleure attitude :
Ainsi n’ayez pour eux aucune inquiétude,
Et félicitez-les de ce qu’à si bon prix
Ils achètent l’instant que vous m’aviez promis ;
Car, pour me procurer ce bonheur ineffable,
Ah ! je sens que de tout j’aurais été capable !

LA MARQUISE.

Vous me faites frémir.

LE CHEVALIER.

Vous me faites frémir.Non, telle est mon humeur.
Pour moi l’incertitude est le plus grand malheur ;
Quel que soit mon destin il faut que je l’apprenne,