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LE MARQUIS.

C’est lui.Venez m’aidez à ramener l’esprit
De ma nièce…

MERVILLE avec embarras.

De ma nièce…Monsieur…, je venais

LE MARQUIS.

De ma nièce… Monsieur…, je venaisIl s’agit
De lui dire, avant tout, combien l’on est blâmable,
Lorsque après avoir fait un choix très-convenable,
On change sans raison, d’humeur, de sentiment,
Et qu’on veut aujourd’hui congédier l’amant,
Que pour futur époux on acceptait la veille.

MERVILLE, avec feu.

Quoi, vous refuseriez ! se peut-il ?

LE MARQUIS.

Quoi, vous refuseriez ! se peut-il ?À merveille.
Par votre étonnement vous en dites bien plus,
Qu’on n’en pourrait jamais exprimer là-dessus.

DELPHINE.

Oui, vous avez le droit de blâmer ma conduite,
Mais puisqu’à cet aveu le malheur m’a réduite,
Au moins puis-je affirmer que d’un trait offensant,
D’un indigne calcul mon cœur est innocent :
J’ai voulu d’un jaloux braver la tyrannie ;
J’espérais me venger ; moi seule suis punie !

LE MARQUIS.

Que dit-elle ?

MERVILLE.

Que dit-elle ?Ah ! grands dieux, si son cœur se repent,
Ainsi que moi, monsieur, montrez-vous indulgent.

LE MARQUIS, avec surprise.

Comment, ainsi que vous ?

MERVILLE, vivement.

Comment, ainsi que vous ?Oui, l’amour lui pardonne !

LE MARQUIS.

À l’autre.