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LA MARQUISE.

Hélas ! il est trop vrai, Merville…En ce moment,
Il s’agit beaucoup moins d’apaiser un amant,
Que d’amener votre oncle à rompre l’alliance,
Qui lui semblait devoir combler votre espérance.
C’est à vous, mon amie, à tenter ce succès,
Vous aurez dans son cœur facilement accès.
Il eut toujours pour vous une tendresse extrême ;
Parlez-lui de Merville, avouez qu’il vous aime,
Qu’un instant de dépit vous éloigna de lui,
Mais qu’un sincère amour vous ramène aujourd’hui.
Enfin, dites-lui bien, qu’aux regrets condamnée,
Vous seriez loin de nous, sans cesse infortunée.
Si ce motif touchant sur lui ne gagne rien,
Fiez-vous à mon cœur pour trouver un moyen
De lui faire, avant peu, retirer sa parole,
Pour vous choisir ensuite un mari moins frivole.
Mais on vient… C’est votre oncle, adieu, comptez sur moi.

DELPHINE.

Pour tant d’aimables soins, ah ! combien je vous dois !




SCÈNE II


LE MARQUIS, DELPHINE.


DELPHINE à part.

Hélas ! comment va-t-il accueillir ma prière ?

LE MARQUIS.

J’étais bien sûr, ici, de te voir la première.
Dès que de mariage on prononce le mot,
La crainte et le plaisir vous réveillent bientôt.
Des jeunes filles c’est la coutume ordinaire ;
Elles ne dorment plus quand il s’agit de plaire.
Mais que vois-je ? tes yeux se remplissent de pleurs.

DELPHINE.

Il est vrai…, malgré moi…