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ACTE III.


SCÈNE PREMIÈRE.


LA MARQUISE, DELPHINE.


LA MARQUISE.

Allons, prenez courage, et ne vous livrez plus
Aux reproches cruels, aux regrets superflus.
Contre vous, mon enfant, vous êtes trop sévère ;
Un instant, j’en conviens, vous parûtes légère,
Et le plus tendre amant put se croire offensé ;
Mais vous l’aimez encor, et tout est effacé.
Hors le crime odieux qu’on nomme indifférence,
Tous les torts en amour sont pardonnés d’avance.

DELPHINE.

Ah ! dans mon triste cœur vous ranimez l’espoir.
Pourtant il a juré de ne plus me revoir.

LA MARQUISE.

Sans doute, et c’est pourquoi je l’attends dans une heure.

DELPHINE.

Vous l’attendez, vraiment ?

LA MARQUISE.

Vous l’attendez, vraiment ?Pensez-vous qu’il demeure
Long-temps sans revenir s’informer de l’effet
Qu’a produit son dépit, et savoir ce qu’on fait
Pour hâter le moment que son amour redoute ?
De son retour vers vous, ah ! n’ayez aucun doute.
Sans même l’éclairer sur ce que vous pensez,
Vos yeux, votre pâleur, en diront bien assez
Pour ôter de son cœur l’inquiétude affreuse,
De vous croire jamais avec un autre heureuse.

DELPHINE.

Hélas ! il est trop vrai, Merville…