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DELPHINE, bas à la Marquise.

A désiré rentrer. Ma tante, épargnez-moi ;
Et si j’ai du chagrin, ne dites pas pourquoi.

LA MARQUISE.

Mon Dieu ! rassurez-vous, je sais ce qu’il faut taire.

LE MARQUIS.

Un si brusque retour cache quelque mystère.

MERVILLE.

Je le crois comme vous ; le bal était charmant,
Et madame en faisait le plus bel ornement,
Lorsque, sur je ne sais quelle subite idée,
À partir tout à coup elle s’est décidée.

DELPHINE.

Pour ce retour, moi seule ai droit à votre humeur,
Je me sentais tort mal.

MERVILLE.

Je me sentais tort mal.Vraiment ! (À part.) Ah ! quel bonheur !

LA MARQUISE.

Souvent dans les projets dont on jouit d’avance,
Le moindre événement trompe notre espérance ;
(À Delphine.)
Pour attrister la joie il ne faut qu’un regret.

LE MARQUIS.

Et je n’étais pas là, quel aimable intérêt !

LE CHEVALIER bas à la Marquise, pendant que le Marquis cause avec Matta.

Songez à l’entretien dont j’obtins la promesse,
Demain avant midi…

LA MARQUISE.

Demain avant midi…Non, non…

LE CHEVALIER.

Demain avant midi… Non, non…Quelle faiblesse !

LA MARQUISE, minaudant.

À quoi bon ?