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Sur ce point important de l’érudition,
Votre savoir, dit-on, mérite des éloges,
Et je veux réprouver : parlons des Allobroges.

MATTA.

Des Allobroges ? Moi… je n’en connais pas un.

LE MARQUIS.

Allons donc… Sans vouloir vous paraître importun,
Je puis vous demander vers quel temps ces barbares
Sont venus en Piémont porter leurs mœurs bizarres :
Ce fait n’est constaté par nul historien.
Peut-être savez-vous ?…

MATTA.

Peut-être savez-vous ?…Vraiment, je n’en sais rien.
Mais c’est probablement dans le temps de la ligue,
Lorsque les lansquenets… appelés par l’intrigue
Des Guises, vinrent…

LE MARQUIS.

Des Guises, vinrent…Bah ! je doute de ce fait.

MATTA se levant.

Par ma foi, doutez-en, tout autant qu’il vous plaît.

LE MARQUIS.

Pour un homme érudit…

MATTA.

Pour un homme érudit…Que le ciel me punisse,
Si d’être un érudit j’eus jamais la malice.

LE MARQUIS.

Vous le niez en vain ; et ce soir même ici,
À propos de savans Grammont vous a trahi.

MATTA.

Le traître ! il le sait bien ; nous autres gens de guerre
Nous ne lisons jamais.

LE MARQUIS.

Nous ne lisons jamais.Tout prouve le contraire.
Vous avez trop d’esprit pour être un ignorant.