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THERME à part.

C’est trop vrai.

MATTA.

C’est trop vrai.Des maris, sans avoir à nous plaindre,
Nous commençons pourtant à nous faire un peu craindre.
Il en est de fâcheux ! aussi je crois prudent
De s’amender beaucoup, car il est évident
Qu’à force de tromper les pères et les filles,
Nous nous ferons chasser de toutes les familles.

THERME.

Cela vaut encor mieux que de s’y voir admis
À charge d’épouser la fille du logis.
Mais vous renoncerez à ce plan téméraire,
Le cher Marquis n’est pas très-facile en affaire ;
Dès que sur ce sujet il vous verra venir,
Sa fureur…

MATTA.

Sa fureur…Quelle idée !

THERME.

Sa fureur… Quelle idée !Il faut vous prévenir
Qu’humoriste et brutal ici chacun le nomme.

MATTA.

Non, il est ennuyeux ; mais c’est un fort bon homme.

THERME.

(À part.)
Quel sang-froid ! inventons quelque chose de mieux.
(Haut.)
Mais vous ignorez donc jusqu’où ce furieux,
Dans un accès d’humeur, peut porter la vengeance.
On cite mille traits de son extravagance.
D’abord… deux jeunes gens enfermés dans la tour,
Pour avoir à sa femme osé faire la cour.
Un autre, moins discret… ou plus heureux peut-être,
Qu’il a fait sans façon jeter par la fenêtre.

MATTA.

Oh ciel ! que dis-tu là ?