En vain à résister la sagesse l’invite ;
L’amour qu’on prend pour nous, ne s’éteint pas si vite !
Mais plus je réfléchis, et plus je crois prudent
De servir de mon mieux ce nouveau sentiment.
Car si le Chevalier à Turin se marie,
Il faut à mes profits dire adieu pour la vie.
Pour surveiller sa femme on ne fait pas grands frais ;
Et lorsque d’un mari l’esprit repose en paix,
L’emploi de confident rapporte peu de chose.
Ainsi donc, c’en est fait, dès ce jour je m’oppose
À tout projet d’hymen ; je ne souffrirai pas
Qu’avant l’heure fatale il s’enterre ici-bas.
De la jeune beauté qu’un autre se contente.
Moi, je veux qu’à la nièce on préfère la tante :
Elle est belle, son cœur n’est point à mépriser,
Et l’on n’est pas du moins forcé de l’épouser.
Lorsque chez moi j’attends avec impatience
Une réponse, ici qui te retient ?
Silence !
Ah ! vas-tu prendre encor cet air mystérieux
Qui ne te sert jamais qu’à mentir un peu mieux ?
Non vraiment, j’aurais tort de vouloir vous instruire