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Par des airs de candeur ne peut être charmé ;
Il lui faut plus d’esprit, d’obstacle, de mystère,
Et je ne pense pas qu’il persiste à lui plaire.

LA MARQUISE, à part, assez haut pour être entendue de Therme.

Oh ciel ! s’il était vrai ?… mais non… (Haut.) Par son esprit
Matta sur votre maître a-t-il quelque crédit ?

THERME.

Tous deux s’aiment beaucoup ; mais dans cette alliance
L’un fournit l’amitié, l’argent, la confiance ;
L’autre les embarras, les dangers, les plaisirs ;
C’est la part de mon maître ; il faut qu’à ses désirs
Son ami se conforme avec obéissance.
Ah, quant au Chevalier, c’est une différence :
On ne le soumet pas aussi facilement,
Et moi-même j’agis sur lui fort rarement ;
Mais tel est l’ascendant que sa gaîté sait prendre,
Que de lui tout céder, on ne peut se défendre ;
Il commande en riant.

LA MARQUISE.

Il commande en riant.Quel pouvoir dangereux !

THERME.

Ah ! ma foi, c’est bien pis lorsqu’il est amoureux !
Il donnerait au diable, amis, parents, richesse,
Le tout pour obtenir un mot de sa maîtresse.

LA MARQUISE.

Therme veut le flatter ?

THERME.

Therme veut le flatter ?Ah ! je le connais bien !

LA MARQUISE, d’un air mystérieux.

N’importe… de ceci, Therme, ne dites rien.
Surtout que votre maître ignore l’importance
Que je puis attacher à cette confidence.

THERME.

Sur ma discrétion madame peut compter.

LA MARQUISE, à part.

Il promet de se taire et va tout raconter.