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SCÈNE II.


LA MARQUISE, THERME.
LA MARQUISE.

Combien je vous devrai !C’est vous, Therme, approchez.
Ne serait-ce pas moi qu’en ces lieux vous cherchez ?

THERME.

Oui, madame, et je viens de la part de mon maître
M’informer de l’instant où chacun doit paraître
Au bal de la Princesse, et demander enfin
S’il peut avoir l’honneur de vous donner la main ?

LA MARQUISE.

À six heures du soir on commence la fête ;
Dites au Chevalier que je me tiendrai prête,
Et que Delphine aussi nous accompagnera.
Si j’en crois certain bruit, cet avis lui plaira,
Car vous venez pour moi, bien moins que pour ma nièce,
Convenez-en ?

THERME.

Convenez-en ?Madame…

LA MARQUISE.

Convenez-en ? Madame…Allons, point de finesse.
À ce mystère-là je prends quelque intérêt,
Et fort mal à propos Therme fait le discret :
Je veux savoir de lui ce que son maître pense,
Et je m’engage à bien payer la confidence.

THERME.

Ce qu’il pense, madame ? eh ! qui peut le savoir ?
Amoureux le matin, indifférent le soir,
Il change de projet, d’humeur, de caractère,
À chaque instant du jour…

LA MARQUISE.

À chaque instant du jour…Et selon qu’il veut plaire.
Mais l’avez-vous jamais vu tendrement épris ?