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MERVILLE.

Sans doute.

LA MARQUISE.

Sans doute.Et mon mari penserait-il de même ?

MERVILLE.

Vous savez jusqu’où va sa confiance extrême ;
Comme il est glorieux de vos moindres succès,
Et si, sur vos vertus, il se repose en paix.

LA MARQUISE gaiement.

J’en conviens, qu’un hommage ou me flatte ou m’offense,
Sa sécurité va jusqu’à l’impertinence.

MERVILLE.

Il faut l’en corriger.

LA MARQUISE.

Il faut l’en corriger.Je le voudrais en vain.
Ce monsieur de Matta qui me donne la main,
Du matin jusqu’au soir, à la cour, à la ville,
A-t-il jamais troublé sa passion tranquille ?

MERVILLE.

C’est qu’un tel soupirant semble peu dangereux.

LA MARQUISE.

Il affecte pourtant d’être fort amoureux,
Et je ris malgré moi des peines qu’il se donne
Pour obéir en tout à ce qu’un autre ordonne ;
Car il n’est, près de moi, si tendre et si galant,
Que par ordre.

MERVILLE.

Que par ordre.Et de qui ?

LA MARQUISE.

Que par ordre. Et de qui ?Du Chevalier.

MERVILLE.

Que par ordre. Et de qui ? Du Chevalier.Vraiment ?

LA MARQUISE.

C’est lui qui le condamne au supplice de plaire,