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MERVILLE.

Je n’étais pas alors l’objet de son dédain ;
Et si votre mari moins contraire à ma flamme
Eût daigné consentir, Grammont…

LA MARQUISE.

Eût daigné consentir, GrammontÀ votre femme
De même eut fait sa cour, et vous auriez été
Un peu plus ridicule, et non moins tourmenté ;
Mais un plus grand malheur peut vous atteindre encore.

MERVILLE.

Quoi Delphine ?…

LA MARQUISE.

Quoi DelphineEst promise. Elle-même l’ignore.
Le marquis aux Grammonts désirant s’allier,
A promis en secret sa nièce au Chevalier,
À la condition qu’il plairait à Delphine.

MERVILLE.

Dieu ! c’est le dernier coup que le ciel me destine !

LA MARQUISE.

Eh bien, pour le parer il faut nous réunir,
Enlacer l’ennemi, l’atteindre et le punir.

MERVILLE.

Ah ! si vous le vouliez ce serait bien facile !

LA MARQUISE.

Et comment s’il vous plaît ?

MERVILLE.

Et comment s’il vous plaîtEn vous montrant docile
Aux vœux d’un inconstant… S’il pouvait concevoir
Auprès de vous, madame, un seul moment d’espoir,
Bientôt le Chevalier délaisserait Delphine,
Et nous serions alors…

LA MARQUISE, l’interrompant.

Et nous serions alorsAh ! fort bien, je devine.
Ce défaut dont la nièce est coupable à vos yeux,
Semblerait, chez la tante, un attrait merveilleux.