vent en tous lieux l’armée, triompheraient bientôt du souvenir d’Ermance.
Son retour au quartier-général fut fêté par ses camarades ; ils lui firent une foule de plaisanteries sur les moments heureux qu’il avait dû passer avec sa jeune et jolie femme, et mirent sa tristesse sur le compte des adieux.
L’empereur, satisfait de sa promptitude à remplir son message, l’accueillit avec distinction, et avec cette recherche de politesse qu’il employait d’ordinaire envers les gens d’une grande naissance, il lui dit :
— Eh bien, m’en voulez-vous encore de vous avoir fait épouser la plus aimable héritière de Paris ?
Un salut respectueux fut toute la réponse de M. de Lorency à cette question. L’empereur y joignit quelques mots sur le plaisir qu’il avait eu à lui accorder la mission qu’il désirait, et finit par lui demander ce qu’on disait à Paris de ses dernières batailles.
— Sire, on espère qu’elles amèneront la paix.
— On ne dit pas cela sans y mêler quelques bons mots contre la guerre, n’est-ce pas ? Je connais les Parisiens ; ils parlent de la victoire comme de leurs femmes qu’ils aiment plus que tout, et dont ils médisent sans cesse ; mais peu importe, la vue des drapeaux conquis sur l’ennemi les met toujours de bonne humeur. Vous verrez comme ils nous recevront !…
Puis l’empereur se retournant vers le maréchal du palais, lui dit quelques mots tout bas. Un instant après, Adhémar reçut une invitation pour dîner à Schœnbrunn, à la table des grands officiers de la couronne.
La moindre faveur du maitre était alors, comme toujours, le signal des prévenances de tous : c’est un vieil usage qui ne perd rien au temps ni aux révolutions. Aussi Adhémar fut-il accablé d’invitations et d’offres de service ; c’était à qui l’aimerait ; on lui reprochait seulement de ne pas mener un assez grand train pour la fortune qu’on lui connaissait. Son mariage l’avait rendu millionnaire ; et sauf quelques jolis chevaux de plus dont il venait de faire l’emplette à Wagram, il n’avait point augmenté sa dépense ; quand ses camarades lui en faisaient le reproche, il répondait que cette grande fortune ve-