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et avait ajouté qu’il se chargerait de la lui remettre lui-même. À cette question, Ermance s’était sentie sur le point d’abandonner sa résolution. Donnez-moi une plume, du papier, avait-elle demandé vivement, qu’il vienne…, que je le revoie.

Et lorsqu’on lui eut apporté ce qu’elle désirait :

— Non, je ne le puis, avait-elle dit d’une voix faible.

Et sa tête était retombée sur l’oreiller, comme succombant à une pensée qui épuisait son courage.

Mademoiselle Augustine, ne la croyant que malade, dit :

— Madame est trop faible pour écrire.

Et M. Brenneval n’emporta point d’autre réponse. Cependant la crainte d’alarmer son gendre lui fit recommander à Ferdinand de ne pas parler à M. de Lorency de l’indisposition de sa femme.

— Je lui dirai que, forcée de tenir compagnie à sa tante, elle n’a pas eu un moment pour lui écrire, et qu’elle m’a chargé de lui faire ses adieux. Cela suffira, ajouta M. Brenneval, et du moins il ne partira point inquiet sur son état.

Ainsi tout conspirait, jusqu’à la bonté paternelle de M. Brenneval, pour la désunion d’Adhémar et d’Ermance. S’il avait su qu’elle était malade, son penchant à se flatter lui aurait fait supposer que la fièvre seule l’empêchait de lui répondre, il aurait volé vers elle pour lui donner ses soins pendant le peu de moments qu’il avait à lui, il aurait peut-être même gagné un jour de plus pour rester à Nanteil, quitte à passer toutes les nuits en route ; et qui sait ce qui serait résulté de cette dernière entrevue entre deux êtres qui s’adoraient, malgré tant de torts mutuels !

M. Brenneval et M. de Maizières furent étonnés en arrivant à Paris de trouver Adhémar assis près d’une table et parcourant les journaux.

— Je vous croyais à Saint-Cloud, dit M. Brenneval d’un ton qui peignait sa surprise.

— J’en arrive, répondit Adhémar ; l’impératrice m’a remis ses lettres, et j’aurai les dépêches de l’archichancelier dans une heure.

— Tant mieux, nous pourrons retourner dîner à Nanteil ; car on vous laissera bien la soirée pour faire vos adieux.