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impérial recommencèrent aux cris de vive l’empereur. Le peuple réuni sur la place pour regarder les illuminations mêla ses cris de joie à la musique guerrière, et l’on entendit retentir de toutes parts le bel air de Méhul : La victoire est à nous, etc.

Après avoir rempli sa mission auprès de la princesse, l’officier demanda aux dames de sa maison si la femme du colonel Lorency était au bal.

— La voici, répondit madame de B… en montrant Ermance, qui se trouvait à quelques pas d’elle.

— J’aurais dû la reconnaître au portrait que notre cher Adrien nous en a fait ; elle est vraiment aussi belle qu’il le dit : c’est la première fois de sa vie qu’il n’a point exagéré. Voulez-vous être assez bonne, madame, pour la prévenir que je suis chargé de lui remettre quelque chose de la part de M. de Lorency ?

— Des lettres, sans doute ?

— Non, madame, je ne l’ai vu qu’au moment où je partais de Schœnbrunn. « L’empereur vous envoie à Aix-la-Chapelle, m’a-t-il dit ; par grâce, chargez vous de remettre ce châle à madame de Lorency ; vous la verrez chez la princesse. » En même temps, il lança dans ma voiture un paquet roulé dans un mouchoir, et je partis sans avoir eu le temps de lui demander un mot de recommandation pour sa femme.

— Vraiment ! reprit madame de B…, il ne pouvait vous en donner une meilleure. Un châle !… Est-il beau ?

— Vous devinez donc que j’ai eu la curiosité de le regarder ? Eh bien, j’en conviens ; et autant que je puis m’y connaître, il m’a paru admirable. Le colonel en aura fait l’emplette à Vienne : c’est là qu’on trouve les plus beaux. Les Viennoises sont si élégantes !

— Et si avenantes, n’est-ce pas ? reprit en souriant madame de B…

Puis, se retournant du côté de madame de Lorency :

— Mais vous n’entendez donc pas ce que dit monsieur ? ajouta-t-elle. Il vous apporte un châle ravissant, de la part