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tait le roman de l’une des plus élégantes danseuses du bal, il fut interrompu par une rumeur subite. Tout le monde se précipitait du côté de la porte, ou vers la princesse, qui écoutait avec la plus vive attention un jeune officier expédié par l’empereur pour venir donner à sa sœur de ses nouvelles et de celles de l’armée. Cet officier avait été témoin de l’espèce de fédération anniversaire qui venait d’avoir lieu le 14 juillet sur le champ de bataille de Wagram. Là même il avait vu Macdonald fait maréchal de France par l’empereur, et avait entendu Napoléon lui dire : « Entre nous, c’est à la vie et à la mort ! » paroles d’autant plus remarquables qu’elles s’adressaient à l’ami du général Moreau, du vainqueur d’Hohenlinden, de celui qui était déjà le premier des ennemis de l’empereur avant de commander ceux de la France.

L’officier d’ordonnance raconta aussi comment l’empereur avait failli être assassiné par un jeune illuminé nommé Stap, et comment le général Rapp, éclairé par miracle sur le projet de ce nouveau Ravaillac, l’avait fait arrêter avant qu’il pût l’exécuter. Questionné par la princesse sur les motifs qui avaient porté ce jeune Allemand à un tel crime, l’officier répondit : « Un désir fanatique de délivrer sa patrie. »

L’effet de cette réponse, écoutée par une assemblée d’Allemands dont nos victoires avaient fait des Français, offrit un spectacle digne d’observation.

— Votre camarade, dit M. de Maizières à M. Gr…, aurait mieux fait de garder ce dernier récit pour nos soirées intimes : les belles actions, comme les mauvaises, sont toujours d’un exemple dangereux.

— Cela n’est pas à craindre ici, répondit M. Gr… ; jamais les habitants n’ont été plus heureux ; ils nous détestent par pur procédé pour leur gloire ; car, dans le fond notre gouvernement leur plaît, et s’il fallait changer notre conscription contre leur landwher, vous verriez comme ils nous regretteraient !

— Il est de fait que vous leur avez appris à s’amuser, dit M. de Maizières, et c’est bien quelque chose.

En ce moment, les valses interrompues par le message