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un nom connu dans les arts, il sera surpris de l’accueil distingué qu’il en recevra.

L’étonnement de M. de Maizières fut extrême en entrant à la grande Redoute, où cinq cents femmes parées, assises sur des gradins, et éclairées par des lustres, des guirlandes de feu suspendues à la voûte, frappèrent ses yeux d’un éclat éblouissant. Ces femmes, guidées par l’élégance de celles que les eaux attirent chaque année à Aix-la-Chapelle, étaient pour la plupart, habillées avec goût, et plusieurs d’entre elles se faisaient remarquer par leur taille élancée et leurs jolis visages. Dans les provinces du Nord, où presque toutes les chevelures sont blondes, les jeunes filles y paraissent toutes agréables : un beau teint et des cheveux charmants suffisent à seize ans pour empêcher d’être laide.

Un orchestre allemand, c’est-à-dire des meilleurs, jouait des valses de Mozart et de Beethoven, dont la savante harmonie n’était pas encore venue jusqu’aux oreilles des dilettanti de Paris. C’était un ensemble admirable, auquel les valseurs répondaient par un ensemble non moins parfait. Le haut de la salle avait été réservé pour la princesse Pauline et sa cour. Le buste de l’empereur, sous un dôme de drapeaux aux couleurs des vaincus, était le principal ornement de cette partie de la Redoute, et des arbustes en fleurs, servant de voiles à des faisceaux de lumière, donnaient un aspect magique à cette fête.

Après s’être récrié sur la beauté de la princesse Pauline, qui était ce jour-là plus éclatante encore, M. de Maizières se mit à passer en revue les femmes les plus remarquables de cette assemblée, et s’adressa à l’aide de camp du général qui avait le commandement d’Aix-la-Chapelle pour obtenir quelques renseignements sur les plus jolies. Plusieurs d’elles étaient les femmes de riches négociants du pays qui, tout en déplorant le système continental, faisaient d’immenses affaires avec les puissances de l’Europe ; d’autres appartenaient aux différents administrateurs nommés par l’empereur. M. de Maizières s’était fort bien adressé pour apprendre l’histoire scandaleuse de toute la ville. Mais au moment où M. Gr… lui racon-