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vengeance qu’en le servant dans son amour. Elle n’hésite plus, et, lui recommandant le secret sur son nom, elle lui remet le billet qu’Adhémar lui a écrit le jour même du mariage d’Ermance.

À peine est-il possesseur de cet acte de trahison tracé d’une main impossible à méconnaître qu’il frémit de joie ; car, il n’en doute pas, les scrupules, les remords qu’il n’a pu vaincre vont s’évanouir devant ce talisman perfide. Il n’a plus que peu de jours à rester à Aix-la-Chapelle : n’importe, ils suffiront pour obtenir, du dépit ou de la faiblesse, un triomphe qu’il est prêt à payer de sa vie. L’honneur d’une femme, le repos de son existence entière, tout est sacrifié au bonheur d’un moment ! Malheureuse Ermance ! elle n’avait plus de mère !!!



XI


La nouvelle de la bataille de Wagram vint alors ajouter à tous les plaisirs de la saison les transports d’une joie vraiment nationale : c’était une admiration pour les prodiges de notre armée, pour le génie de son chef, un culte superstieux pour son étoile, enfin un bonheur de porter le nom français qui donnait à tous une attitude fière ; les officiers que d’anciennes blessures avaient empêché de prendre part à cette grande victoire mêlaient seuls des regrets à ce dernier triomphe. Adrien en éprouva un si cruel dépit qu’il s’empressa de rejoindre l’armée avant l’expiration de son congé, dans l’espoir que la guerre se prolongerait encore. Il partit d’Aix-la-Chapelle avec Alfred de L… ; mais ils n’arrivèrent à Vienne que pour y voir l’empereur entrer une seconde fois.

Le bruit de la victoire de Wagram parvint à Aix-la-Chapelle bien avant le bulletin qui rendit compte des morts et des blessés, et l’inquiétude où tomba la femme du général Donavel inspira de l’intérêt aux moins sensibles ; elle s’obstinait à croire qu’on lui cachait la mort de son mari, et l’on ne pouvait parvenir à lui faire comprendre que la nouvelle de cette