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— Il t’a embrassée, t’a serrée, sur son cœur, il était tendrement ému, dit Caroline ; cela ne m’étonne pas. On prétend que l’homme le plus faux n’est pas à l’abri d’une sorte de remords.

— De remords ! répète Ermance avec une surprise mêlée d’effroi.

— Vraiment, je ne connais pas d’autre expression pour peindre le regret d’une action abominable. Mais il est inutile de t’affliger de tout cela, et je regrette de n’avoir pas su mieux contenir mon indignation.

— Tu ne peux me laisser dans un doute si cruel, reprit Ermance ; explique-toi, sinon j’imaginerai cent fois pire que tout ce que tu sais.

Ici Caroline fit un geste qui semblait dire : « L’imagination ne peut aller au delà, » et madame de Lorency fut obligée de la menacer de rompre tout commerce d’amitié entre elles, pour obtenir l’officieux rapport que mademoiselle Dermeuil brûlait de lui faire.

Après un préambule sur la duplicité des hommes et le malheur des femmes, Caroline apprit à son amie que, le matin même, madame de V… était venue ramener ses filles à Écouen, et qu’elle avait rencontré la veille, en revenant de la campagne, M. de Lorency, qui relayait à Livry, où sa belle duchesse était venue l’attendre. Je dessinais dans la petite chambre à côté du salon où avait lieu cet entretien, ajouta Caroline. Je n’ai pu entendre distinctement le nom de la duchesse : cependant madame Campan l’ayant répété assez haut et du ton de l’indignation, j’ai cru reconnaître celui de la duchesse d’Urbino.

— La duchesse d’Urbino ? dit Ermance accablée. En effet, je m e rappelle qu’il lui a longtemps parlé au dernier cercle, et s’est presque querellé avec M. de Maizières, qui critiquait sa beauté. Ah ? mon Dieu !… que je m’abusais…, et c’était la joie de la revoir bientôt, de recevoir ses adieux passionnés qui le rendait si affectueux, si tendre en me quittant !… Ainsi, je perds ma dernière illusion, ajouta-t-elle avec amertume… Je le croyais incapable d’une telle perfidie ! sa froideur me ré-