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elle s’approche d’Adhémar, et dit d’un ton à la fois impérieux et léger :

— À propos, j’oubliais que l’impératrice m’a chargée aussi de vous dire quelque chose,

Par cette ruse, elle oblige Adhémar à la suivre près d’une fenêtre du salon, et là, dominant son émotion :

— Vous me devez quelques égards, dit-elle avec un air d’autorité ; il est inutile de mettre tout ce monde dans la confidence de votre procédé envers moi ; et j’exige que vous me parliez comme à l’ordinaire, quitte à nous haïr ensuite, si cela vous plaît.

— Ah ! jamais, jamais ! s’écria Adhémar, oubliant tout, excepté le bonheur de se croire encore aimé ; dites un mot, Euphrasie, et je brave tout pour vous prouver que vous seule…

— Silence ! reprit-elle, on nous écoute ; ce n’est pas le moment de nous expliquer. Il n’est plus possible d’arrêter les choses ; l’empereur a reçu votre parole ; ne songez qu’à la tenir, sinon, nous serions perdus tous deux.

— Oui, parlez-moi en votre nom, pour que j’obéisse, dit Adhémar d’une voix étouffée ; autrement… jamais…

— Eh bien, soit ; je le veux…

Et la duchesse se dispose à rejoindre Ermance ; mais Adhémar la retient.

— Ah ! pourquoi m’avoir fait mystère ?…

— Regrets inutiles !… Ne causons pas plus longtemps ; cela paraîtrait…

— Si du moins je pouvais vous voir un instant après être sorti d’ici.

— Impossible ; écrivez-moi un mot demain, avant d’aller à l’église.

— Un mot d’adieu ?… plutôt mourir !

— Non, un mot d’amitié.

— Je ne sais pas mentir.

— Eh bien, écrivez ce que vous voudrez, répondit la duchesse en s’éloignant avec une sorte d’impatience qui dissimulait mal sa joie ; puis elle vint prendre le bras de M. de Maizières, qui regardait un tableau de Gérard :