monter à cheval, il venait passer à Montvilliers le temps de se rétablir assez pour reprendre son service.
— Tachez surtout ajouta-t-il, que madame ne vous entende pas raconter tout cela, car il est inutile de l’inquiéter.
— Ah ! mon Dieu ! la pauvre dame ne prendra pas garde à moi ; soyez tranquille, mou cher monsieur ; elle est bien trop occupée pour cela.
En disant ces mots, le concierge fit signe à son petit garçon d’ouvrir la grille, et il marcha vers le grand escalier du château pendant que M. de Lorency attendait dans la cour que le messager d’Étienne revînt ; il s’étonnait de la quantité de lumières qui éclairaient toutes les fenêtres de cette façade. À cette époque on n’avait pas à craindre de tomber au milieu d’une fête, et ces lumières ne pouvaient être que la preuve d’un grand mouvement dans le château : en effet, on voyait passer plusieurs personnes d’une chambre à l’autre avec la précipitation qu’on met d’ordinaire à porter des secours.
Étienne commençait à s’impatienter de l’attente qu’on faisait subir à son maitre, lorsque le président parut lui-même, suivi de son valet de chambre et du concierge, qui devaient tous deux aider à transporter Adhémar dans le salon. Un seul regard suffit à ce dernier pour deviner qu’un sentiment violent agitait M. de Montvilliers : c’était un malheur, sans doute, car l’expression répandue sur ce front vénérable avait quelque chose de sinistre ; cependant il s’efforça d’accueillir Adhémar par un sourire, et le remercia d’avoir deviné combien il serait heureux de le recevoir et de le soigner, mais pendant qu’il lui témoignait une si gracieuse reconnaissance, Adhémar l’interrompit :
— Madame de Lorency serait-elle malade ? demanda-t-il avec une inquiétude visible.
— Non pas, reprit le président d’un air embarrassé ; mais comme elle était extrêmement fatiguée, elle s’est retirée de bonne heure, et je n’ose faire entrer chez elle pour lui apprendre…
— Gardez-vous bien de la réveiller, s’écria M. de Lorency. Monsieur, dont les bons soins m’ont déjà à moitié guéri, me