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V


Il était impossible de ne pas remarquer la tristesse qui accompagna les remercîments adressés par Adhémar à l’empereur ; mais celui-ci ne s’en étonna point :

— Ils sont tous comme cela, dit-il, en montrant M. de Lorency au maréchal B…, désespérés du bonheur qu’on leur assure en dépit de leurs préjugés.

Adhémar, blessé de la réflexion, aurait voulu y répondre ; mais, fort heureusement pour lui, l’empereur s’éloigna. Le général Donavel quitta pour un instant le groupe des grands-officiers qui le suivaient à la chapelle, et vint dire à son aide decamp :

— Prenez courage, tout va pour le mieux : votre tante est sur la liste des dames du palais ; j’ai le commandement que je désire ; et nous ferons, j’espère, bonne contenance en Espagne. L’empereur sait que vous faites un sacrifice en lui obéissant. Croyez qu’il vous en tiendra compte, pourvu que vous ne cherchiez pas à le lui rappeler.

— Allons, dit Adhémar avec cette sorte de résignation militaire qui ne permet pas au regret de répliquer, marchons au mariage ; c’est un combat comme un autre, où le plus calme est souvent le moins malheureux.

En arrivant avec sa tante chez M. Brenneval, tout lui prouva qu’ils étaient attendus ; plusieurs domestiques vêtus à l’anglaise gardaient l’antichambre ; un valet de chambre, de la meilleure tournure, les précéda, et, après leur avoir fait traverser deux riches salons, les annonça, en ouvrant la porte d’une élégante bibliothèque où M. Brenneval s’entretenait avec le vieux baron de Montvilliers. Après les saluts, la présentation d’usage :

— Ah ! s’écria madame de Cernan en donnant la main au baron, que je suis heureuse de vous revoir ; mais qu’êtes-vous donc devenu depuis le temps où j’avais le plaisir de vous rencontrer chez ma mère ?