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dans votre indifférence la force de vous moins aimer. Ah ! vous me devez bien cette triste consolation !

— Il ne tiendrait qu’à vous de me voir sans cesse, dit Ermance d’un ton timide, et si j’avais sur vos sentiments le moindre empire, nous serions…

— Ah commandez, s’écria vivement Albert, quelque soit le sacrifice, vous êtes trop sûre de l’obtenir.

— Celui-là, en supposant que c’en fût un, me donnerait l’unique bonheur que je puisse attendre dans une situation où l’amitié seule… peut me distraire de mes peines.

— Moi ! je pourrais les adoucir ! je pourrais obtenir un instant l’oubli de ce qui vous afflige ! Ah ! parlez, ne me laissez pas ignorer plus longtemps comment je puis me dévouer à vos moindres intérêts.

— Mes moindres intérêts ! répéta Ermance ; ah ! je vous jure qu’après celui dont je vous ai parlé, c’est le premier de mon cœur.

— Dites donc, vous me faites mourir d’impatience ! Si madame de Cernan se levait, elle vous entraînerait avec elle et je ne pourrais plus savoir ce que vous voulez de moi.

— Au fait, je ne sais pourquoi j’hésite à vous l’apprendre, reprit madame de Lorency en cherchant à vaincre son embarras et le sentiment de fierté qui la retenait au souvenir de son amie ; on ne devrait pas être embarrassée de proposer un moyen qui peut assurer le bonheur de trois personnes, et arracher au chagrin, peut-être même… à la mort, un être angélique… dont la beauté n’est que le moindre charme et qu’il serait si doux de rendre à la vie, au…

— Je vous comprends, interrompit le comte Albert en redressant sa tête qu’il avait inclinée pour mieux entendre madame de Lorency, dont la voix baissait à mesure qu’elle approchait du but de sa conversation ; je vous comprends, et je regrette que vous m’ordonniez l’impossible.

— Non ; une action noble et généreuse ne vous sera jamais impossible.

— Je l’espère, reprit-il ; mais abuser un cœur dévoué, payer son affection par une ingratitude éternelle, lui apporter