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rents des enfants qu’il venait de nommer, accueillit avec un sourire gracieux leurs remerciments de l’honneur qu’il faisait à leur famille, et leur dit :

— Avant peu, messieurs, nous aurons, j’espère, un autre enfant à baptiser.

Cette première déclaration de la grossesse de Marie-Louise fut reçue avec des témoignages de joie très-sincères ; car on espérait que le soin de fonder sa dynastie, d’affermir sa puissance, changerait le héros conquérant en monarque législateur, et la paix, si vivement désirée, semblait devoir naître de tant de gloire et de bonheur.

— Voyez le duc de Cadore, dit l’empereur à M. de Lorency en rentrant dans son cabinet ; il est chargé de vous parler d’une affaire.

Adhémar savait déjà par le ministre des relations extérieures qu’il s’agissait d’une mission lointaine, dont il aurait cherché à se dispenser dans un autre temps, mais que la disposition présente de son esprit lui faisait accueillir comme une faveur. Il se rendit, en sortant du château, chez le duc de Cadore, et s’engagea à partir aussitôt qu’il aurait ses instructions.

N’étant plus tourmenté par l’incertitude du parti qu’il voulait prendre, Adhémar sentit qu’il avait recouvré assez d’empire sur lui pour causer librement de ses projets devant Ermance et avec ses amis. Son absence devant être longue, il était convenable d’y préparerM. Brenneval, car pour Ermance, elle s’expliquerait assez, pensait-il, le désir qu’il devait avoir de s’éloigner d’elle. Aussi, dès qu’il put quitter Fontainebleau, il se rendit chez M. Brenneval, lui fit part de la mission dont il était chargé et de l’obligation où il était de partir incessamment pour Constantinople.

M. Brenneval, pressentant le chagrin que ce brusque départ allait causer à sa fille, se chargea de le lui apprendre avec tous les ménagements possibles.

— Au fait, dit-il, cela vaut encore mieux que d’aller à l’armée ; on sait du moins qu’on en reviendra.

Et M. Brenneval, fort de cette bonne raison et de quelques nouveaux présents, genre de consolation le plus à sa portée,