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cordé au fils de madame de Lorency. M. Brenneval, dans sa vanité paternelle, avait commandé la parure la plus riche en broderie et en dentelle dont on peut revêtir un enfant de cet âge ; mais l’empereur, ayant prévu que les parents ne manqueraient pas de faire assaut de magnificence dans la parure des nouveaux-nés, avait ordonné que les enfants à baptiser n’auraient pas d’autre habillement qu’une robe de lin, comme dans les premiers temps de l’Église.

Quelques moments avant de partir pour Fontainebleau, madame de Cernan et plusieurs autres personnes se trouvant avec Adhémar dans le petit salon d’Ermance, un domestique entra pour remettre deux lettres à M. de Lorency ; la première était une invitation, qu’il laissa tout ouverte sur la table, la seconde, écrite sur un papier des plus communs, excita la gaieté de madame de Cernan.

— C’est sans doute quelque soldat de votre ancien régiment qui vous adresse cet élégant billet ? demanda-t-elle. Mais Adhémar ne répondit pas, sa figure se contracta d’une manière effrayante, il continua la lecture de la lettre ; puis, la chiffonnant dans sa main avec une sorte de rage, il sortit du salon.

Un tremblement soudain s’empara d’Ermance, le plus sinistre présage vint frapper son esprit.

— Si le ciel avait marqué ce jour pour dévoiler mon crime ! pensa-t-elle, glacée d’effroi ; s’il voulait me punir de cette profanation qui l’offense ! Ah ! je sens que sa justice est prête à m’écraser !

Et dans le trouble où cette crainte funeste la plongeait, Ermance n’entendait point madame de Cernan, qui la pressait de partir ; car l’heure était sonnée, et il ne fallait pas risquer d’arriver trop tard.

— Faites avertir mon neveu, dit-elle, et montons en voiture. On lui répondit que M. de Lorency venait de partir pour se rendre chez le général Donavel, qui devait le mener dans sa calèche à Fontainebleau.

Eh bien, ne perdons point de temps, reprit la comtesse en emmenant sa nièce ; puis, faisant placer devant elle la nour-