— Que dis-tu, Ermance, chère Ermance ? s’écrie Adhémar en la serrant dans ses bras. Mais tu me repousses… tu frémis de m’abuser… Ah ! maudit soit le fatal secret qui nous sépare !
— Malheureuse ! dit Ermance épouvantée ; car les derniers mots d’Adhémar lui ont rappelé tout à coup sa faute et son serment. Elle sent que sa raison succombe à son amour, qu’elle aime ; alors, éperdue, elle s’échappe des bras d’Adhémar, qui, la voyant fuir avec effroi, sort aussitôt transporté de colère.
Malgré cette colère, ce brusque départ, qui prouve trop à Ermance qu’Adhémar, offensé de nouveau, va la punir de son silence, rien ne saurait altérer la joie qui l’enivre.
— Il a traversé les flammes pour me sauver ! pensait-elle ; l’inquiétude de mon sort l’a fait quitter ma rivale pour me chercher et me ravir à une mort certaine ! J’ai été un moment son premier intérêt ! Ah ! c’est plus de bonheur que je n’aurais osé en demander au ciel !
Le lendemain, Adhémar partit de bonne heure pour Fontainebleau, et n’en revint que deux jours après. Comme il était vivement irrité contre Ermance, il s’attendait à la trouver triste et contrainte avec lui, il s’étonna d’en être reçu de la manière la plus affectueuse. Elle témoignait tant de plaisir à le revoir, et faisait naître avec une adresse si ingénieuse l’occasion de lui parler de sa reconnaissance à travers les amis ou les indifférents qui étaient chez elle, enfin elle était si aimable et si jolie, que, malgré lui, son ressentiment cédait par moment à tant de séductions. Rien ne déconcerte la rancune comme de ne pas paraître la mériter. Adhémar cherchait vainement à se rappeler les mots amers qu’il s’était promis de lancer, les menaces détournées qui devaient prévenir Ermance sur ses projets contre elle, tout cela venait échouer contre un de ses regards si doux et si tendres. Il ne savait comment accorder tant d’éloignement et tant d’amour, et ne pouvait expliquer les contradictions du cœur d’Ermance que par sa haine et sa faiblesse pour elle.
Il comptait rester plus de temps sans la voir ; mais M. de