ment de passer dans votre petit salon pendant que lui et son chef-d’œuvre occuperont celui-ci. Je montrerai vos jolis albums à mon ami, et la nous rédigerons ensemble le compliment sincère dont l’effet sera merveilleux, je vous l’affirme ; seulement, tachez de ne pas rire en l’écoutant.
— Et vous, tâchez de ne pas vous attirer quelques mots piquants, quelques traits malins de la part de M. de L…, car ses épigrammes valent mieux que ses tragédies, vous le savez, dit Ermance.
— Oui, mais je sais encore mieux qu’un auteur ne se fâche jamais quand on le loue, même de mauvaise foi, et je brave la menace. En effet, il exécuta son projet fidèlement. Lui et madame de Cernan, qui n’avait cessé de penser à autre chose qu’à sa pièce, furent les seuls dont M. de L… crut avoir été entendu avec attention et jugé sans flatterie.
Pendant la lecture, madame de Cernan, assise sur le même canapé qu’Ermance, avait trouvé le temps de lui dire tous bas qu’elle était priée de recevoir l’ami que M. de Maizières devait lui amener avec toute la bonne grâce dont elle était capable.
— Pourquoi faut-il que je le reçoive mieux qu’un autre ? demanda Ermance.
— Pourquoi ? vous le saurez, reprit madame de Cernan ; mais il serait mieux à vous de le deviner.
Ce peu de mots jeta le trouble dans l’esprit de madame de Lorency, et, quand elle vit entrer Ferdinand avec M. Jules de C…, elle éprouva une sorte de malaise, comme à la vue d’une personne qui devait lui apprendre quelque chose de désagréable.
Après la lecture, les habitués de la maison de madame de Lorency arrivèrent : ce n’était pas sans motif qu’ils venaient si tard ; mais tous témoignèrent à M. de L… de si vifs regrets de n’être pas arrivés assez tôt pour l’entendre, qu’il ne put s’empêcher de reprocher à madame de Lorency le tort qu’elle lui avait fait en ne les invitant pas à sa lecture. C’étaient, comme on le devine bien, les mêmes qui avaient résisté à toutes ses instances lorsqu’elle leur avait offert de donner à M. de L… cette preuve d’intérêt. Ermance resta stupéfaite en