femme aura de courage et de dévouement si jamais l’exil et le malheur accablent ses amis !
Enfin le docteur B… arriva ; il aperçut madame de Lorency entourée de plusieurs femmes qui cherchaient en vain à la ranimer ; il fut à elle, et ses soins la rendirent bientôt à la vie. À peine commençait-elle à rouvrir les yeux que son père vint la prendre. On peut se figurer l’inquiétude de M. Brenneval, au retour de la campagne, en apprenant que le feu était chez l’ambassadeur d’Autriche, là où il savait que devait être sa fille : dans la plus vive anxiété, il se rend aussitôt à l’ambassade ; les gendarmes défendaient d’en approcher. Il demande aux domestiques des personnes qui accompagnaient l’empereur si l’un d’eux n’a point vu M. de Lorency, si l’on sait où est sa femme ; enfin il s’en trouve un qui a aidé à transporter une femme blessée chez la comtesse R… ; il croit avoir entendu dire que madame de Lorency venait aussi d’y être déposée et qu’on désespérait de sa vie. Qu’on juge de l’état où ces mots plongent M. Brenneval : il en est si cruellement frappé, que la vue de sa fille, les assurances du docteur B…, qui lui répète que le feu n’a atteint que la coiffure de madame de Lorency, ne peuvent parvenir à le calmer. Ce n’est que lorsque, ramenée chez elle, il l’entend raconter ce qu’elle a vu et ressenti de cet affreux désastre qu’il la croit sauvée. Elle-même a peine à se convaincre du miracle qui l’a arrachée à une mort inévitable ; elle n’a aucun souvenir du moment où elle a été secourue ; elle sait seulement, par les gens de la comtesse R…, qu’elle a été remise aux soins d’une femme de chambre qui se trouvait dans le vestibule, par un homme dont les vêtements à moitié brûlés et le visage noirci n’avaient pas permis de distinguer les traits, et qu’il était reparti aussitôt pour retourner au lieu de l’incendie.
Le bruit de cet affreux événement, qui avait failli coûter la vie à madame de Lorency, attira bientôt chez elle tous ses amis : on envoya demander de toutes parts de ses nouvelles, et madame de Cernan fut chargée par l’empereur de lui témoigner l’intérêt qu’il avait pris au danger qu’elle avait couru. On ne parlait que du zèle courageux des gens qui étaient