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changea tout à coup de résolution, et parut céder aux conseils de son ami ; puis, craignant de lui laisser apercevoir le dépit qui l’animait, il le quitta en le laissant maître de répondre comme il le jugerait convenable à l’empereur, et en s’engageant d’avance à tout ce que son amitié déciderait pour lui.

Le lendemain matin, le général Donavel, ne voyant point arriver Adhémar à l’heure où il avait coutume de venir, se rendit chez lui ; il fut frappé de la pâleur qui couvrait son visage.

— J’ai deviné que vous étiez souffrant, dit-il, et je viens vous apporter de quoi guérir bien des maux.

— Je ne suis point malade, répondit Adhémar en s’efforçant de sourire ; mais si je l’étais, une aussi bonne visite me rendrait la santé.

Et il serra la main du général avec affection.

— Je vous crois, car la vue d’un véritable ami fait toujours du bien ; mais cette fois l’empereur a voulu que je fusse encore mieux accueilli, car voilà ce qu’il m’a chargé de vous remettre.

— Un brevet de chef d’escadron ! s’écria M. de Lorency en lisant le papier que lui donnait le général, et il embrassa son ami ; voilà une récompense que j’accepte avec joie, car je pense l’avoir bien gagnée ! ajoute-t-il en portant sa main sur la cicatrice qui sillonne sa joue.

— Oui, vraiment, on ne pouvait pas moins payer votre conduite à l’affaire de Friedland et le coup de sabre qui a failli vous défigurer. Mais, grâce au ciel, vous n’en êtes que mieux, et je suis certain que mademoiselle Brenneval sera de mon avis ; d’ailleurs, un coup de sabre n’a jamais déparé un beau visage.

— C’est donc bien décidé, rien ne peut ôter cette idée de mariage de la tête de l’empereur ? dit Adhémar en soupirant.

— Vous m’aviez autorisé à répondre de votre soumission, et je n’ai pas cru vous nuire en affirmant que vous épouseriez sans peine une personne charmante qui vous apporte deux millions de dot… sans compter les héritages ; car vous saurez que j’ai voulu connaître positivement à quel sacrifice