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qu’elle s’approchait de lui, une émotion invincible s’emparait d’elle, et, dans la crainte de voir son tremblement démentir ses assurances, elle n’osait parler. Cependant son courage lui revint lorsqu’à dîner le président raconta la rencontre qu’il avait faite la veille du fils de son ancienne amie et le plaisir qu’il se promettait à le recevoir.

— C’est, ajouta-t-il, un jeune homme distingué et que vous connaissez tous. J’aurais dû le reconnaître à sa ressemblance avec la baronne de Kardweld, mais ce nom de Sh… m’avait dérouté. Il est, dit-on, attaché à l’ambassade de Vienne.

— Quoi ! c’est du comte Albert que vous parlez ! s’écria M. Godeau ; je ne connais que lui. Il vient sans cesse chez sa tante, qui demeure la moitié de l’année dans sa terre, à deux lieues d’ici. C’est un diplomate charmant, un peu fier, mais d’une politesse extrême. Vous serez ravi de sa conversation ; pas le moindre accent germanique : au reste, vous en jugerez bientôt ; car je l’ai vu ce matin chez sa tante, la comtesse de Volfberg, et il me semble lui avoir entendu dire qu’il aurait l’honneur de vous faire une visite ce soir. Ah ! vous aurez souvent le plaisir de le voir, car il passe chez sa tante tout le temps dont le prince de Shwar… le laisse disposer. À propos de ce prince, il n’est bruit à Paris que de la fête qu’il va donner à notre jeune impératrice ; on dit qu’il prétend l’emporter sur tout ce qu’on a imaginé jusqu’à présent. On travaille depuis quinze jours à construire une salle de bal à la suite de ses appartements et un théâtre dans le jardin. L’Opéra y exécutera un ballet de circonstance, des madrigaux en pirouettes ; ce sera un spectacle magnifique.

— Vous me donnez l’envie de le voir, dit Ermance, et si mon oncle n’a pas besoin de moi, j’irai dès demain à Paris pour me préparer à paraître dignement à cette fête. Savez-vous quel jour elle doit avoir lieu ? demanda-t-elle en s’adressant à M. de Lorency, pour mieux s’assurer qu’il l’avait entendue.

— Je crois qu’elle a été fixée par l’empereur au 1er de juillet, répondit-il, n’ayant pas l’air de comprendre le motif qui