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son esprit s’il l’avait retrouvée moins résignée ; mais l’application continuelle à deviner ce cœur inexplicable le maintenait dans une anxiété dont son orgueil s’irritait. Fier d’entendre les éloges qu’on prodiguait à sa femme, humilié de son indifférence marquée, il sentait le besoin de s’en venger en l’affligeant. Mais, quelle que fût sa constante malice à laisser deviner ses infidélités, jamais un reproche, une plainte d’Ermance ne venaient lui dévoiler le chagrin qu’elle en éprouvait. Comment se croire aimé !

Le jour du mariage de l’empereur était arrivé. M. de Montvilliers, sachant qu’Adhémar désirait que madame de Lorency parût au milieu des femmes qui devaient occuper les places d’honneur dans la chapelle, détermina sa nièce à assister à cette auguste cérémonie.

Quelle pompe ! quel spectacle éblouissant, même pour ceux qui avaient vu les fêtes nationales de la République et celles de l’Empire ! quel ensemble merveilleux de splendeur et d’élégance ! la vue de toute cette bourgeoisie parée expliquait la prépondérance des modes parisiennes sur toutes celles des autres pays ; là, depuis la femme du modeste marchand jusqu’à celle du financier millionnaire, chacune se faisait remarquer par la fraîcheur de sa robe et la manière gracieuse dont elle était portée. Les dames de la cour, pour la plupart si éclatantes, avaient peine à rivaliser de beauté avec les coryphées de cette foule élégante. Enfin, lorsque la porte du Musée s’ouvrit pour laisser passer le cortége, on dit que l’empereur lui-même fut saisi d’étonnement à l’aspect de cette immense galerie garnie de chaque côté par un quadruple rang de femmes richement vêtues, derrière lesquelles se tenaient debout, sur de hauts gradins, un peuple d’hommes accourus de tous les points de l’empire pour venir contempler tant de magnificence.

Quel sujet d’admiration pour tous et de méditation pour ceux que les caprices de la fortune font rêver ! La fille des Césars, la nièce de Marie-Antoinette, de cette malheureuse reine immolée en haine de la royauté et de son nom d’Autrichienne, Marie-Louise, la fille d’un souverain deux fois dé-