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que j’envie a trop expié ses torts. Loin de sa mère, de sa patrie, sans un ami pour le secourir, il a expiré en me nommant peut-être. Oh ! mon Dieu ! pardonnez-lui… je reste pour subir le châtiment du plus coupable.

Ainsi la douleur d’Ermance, calmée par la prière, se réfugiait dans le ciel où le repentir a sa place, asile sacré que la philosophie ferme en vain au malheur.



XXV


Accablée sous le poids d’une tristesse qu’elle aurait eu honte de ne pas éprouver, Ermance se renferma chez elle les jours suivants. Adhémar, piqué d’une résolution qu’il supposait être l’effet de la mauvaise humeur, se livra à tous les plaisirs dont sa longue absence de Paris l’avait privé. Les dîners, les spectacles, les réunions brillantes remplirent tous les moments que lui laissait le soin de son service auprès de l’empereur.

L’affectation d’Ermance à ne point chercher à le ramener, à paraître trouver tout simple l’espèce de fraternité établie entre eux, excitait tour à tour les soupçons et le dépit d’Adhémar ; cependant rien de ce qui l’environnait ne pouvait l’éclairer sur le sentiment qu’il lui supposait. Objet des hommages de tous les gens de sa connaissance, elle paraissait n’en préférer aucun. Sa condescendance aux avis de madame de Cernan, son goût pour la société de M. de Montvilliers étaient les garants de la conduite qu’elle voulait tenir. Adhémar ne pouvait donc interpréter son consentement à la manière dont ils vivaient ensemble que par l’éloignement qu’elle avait pour lui. Hélas ! de toutes les suppositions qu’il pût faire, celle-ci était la plus contraire au bonheur d’Ermance, car elle inspirait à M. de Lorency le désir de justifier cette haine par des procédés offensants.

Après tant de mois passés loin d’elle, il avait espéré la revoir avec indifférence, et peut-être aurait-elle moins occupé