Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée

par la musique. Sans la nouvelle apportée par madame d’Alvano, le président aurait exigé d’Ermance qu’elle se retirât à minuit dans sa chambre : l’état de convalescence où elle était encore aurait justifié cette démarche ; mais il ne se dissimulait pas le motif que la malveillance de madame d’Alvano y aurait donné, et cette considération le retint. Cependant le visage altéré d’Ermance faisait pitié ; M. de Maizières, dont la légèreté ne l’emportait pas toujours sur les bons sentiments, s’approcha d’elle pendant, le moment où madame d’Alvano, après beaucoup d’agaceries vaines, était enfin parvenue à causer dans un coin du salon avec Adhémar.

— Vous paraissez fatiguée, lui dit-il, et vous devriez bien nous chasser tous.

— Il est vrai, répondit-elle, je crois que je souffre ; mais je ne serais pas mieux dans mon lit. Je sens que je n’y pourrais dormir.

— La mort de ce pauvre Adrien vous a saisie douloureusement, j’en étais sûr ; moi-même j’en suis tout attristé. Si jeune, si brave ; et puis il avait de l’amitié pour nous, ajouta Ferdinand d’une voix émue ; sa mère et sa sœur vont être au désespoir.

En cet instant, de grands éclats de rire sortirent d’un groupe de femmes auxquelles le jeune Alfred de saint C… racontait un fait qu’il affirmait sur sa parole.

— Comment, elle l’aimait à ce point ? demandait l’une d’elles.

— Au point d’en mourir de regret, vous dis-je.

— Mais comment arrangeait-elle cet amour-là avec celui qu’elle a pour lui ? disait une autre en montrant M. de Maizières.

— Elle les faisait marcher ensemble, répondait M. de Saint C… Ah ! c’est une femme remplie de précaution, et vous voyez qu’elle agit toujours avec esprit, car si elle n’avait eu qu’un amant, ou en serait-elle aujourd’hui ?

— Il est certain que M. de Maizières est un fort agréable pis-aller, dit madame de Cernan : mais je m’étonne qu’il se résigne à cet emploi.

— On parle de moi ? dit Ferdinand en se retournant du côté