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ce respect religieux, dit Adhémar ; il faut que sa mère ne lui ait pas fait part de ses craintes superstitieuses, car il les aurait partagées, j’en suis certain.

— Je ne pense pas, reprit le général ; il est trop amoureux pour cela : vous ne pouvez vous faire une idée de sa galanterie pour sa nouvelle femme, et des frais qu’il fait de toute nature pour lui plaire ; enfin il s’est résigné à porter un habit à la mode, c’est vous en dire assez.

— Et ces grands témoignages d’amour sont-ils récompensés ? demanda M. de Lorency.

— Oui, vraiment, elle parait l’aimer ; au reste, il a toujours été adoré des femmes auxquelles il a voulu plaire, et j’en connais qui versent aujourd’hui bien des larmes de regrets.

— Cet homme-la aura donc épuisé tous les genres de bonheur ? dit Adhémar en soupirant ; être aimé ainsi quand on se fait tant craindre !

Alors il raconta au général Donavel par combien de vexations, de cruautés et de pertes d’hommes et d’argent, nous achetions nos succès en Espagne.

En sortant de chez le général, Adhémar rencontra M. de Maizières, et tous deux vinrent s’informer des nouvelles d’Ermance.

— Je crois que madame est tout à fait bien, car elle est déjà levée, répondit Francisque, le valet de chambre de madame de Lorency.

En disant ces mots, il ouvrit la porte du petit salon où se trouvait Ermance.

Elle tressaillit en voyant entrer Adhémar, et chercha à se remettre de son trouble on écoutant Ferdinand, qui disait :

— Y pensez-vous, de vous lever de si bonne heure, après une maladie, un retour ! ajouta-t-il en souriant ; si j’étais à la place d’Adhêmar, je vous gronderais de la bonne manière.

— En effet, dit M. de Lorency en baisant la main d’Ermance, pourquoi ne pas suivre les ordres du docteur ?

— C’est que je n’en ai plus besoin, répondit-elle avec un sourire plein de grâce ; car l’air d’intérêt qu’Adhémar semblait prendre à elle avait dissipé un moment toutes ses crain-