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tune d’un banquier et de celle d’un conquérant : c’est toujours à l’apogée de leur bonheur que leur ruine se déclare !

Cet oracle fut écouté sans effroi, et pourtant…



XXII


La conversation tomba sur les fêtes du mariage, elles devaient surpasser tout ce qu’on avait vu jusqu’alors ; et l’on s’étendit sur la cruauté qu’il y avait à forcer la reine Hortense à porter un des coins du manteau de l’impératrice qui détrônait sa mère.

— Rétablissez-vous donc bien vite, dit madame de Cernan à sa nièce, pour être en état de voir tous ces prodiges : on dit qu’ils seront chantés par l’élite de nos poètes, et que le duc de R… s’est engagé à faire rimer les plus rebelles en l’honneur de cette auguste cérémonie. Au reste, cela n’est pas plus étonnant que de nous y voir, ajouta-t-elle en sortant.

— Que deviendrai-je en revoyant M. de Lorency ? dit Ermance dès qu’elle se trouva seule avec son oncle.

— N’y pensez pas, répondit-il ; les émotions d’une âme noble et repentante fournissent toujours les mots convenables à sa situation ; vous serez simple, bonne comme à l’ordinaire ; vous ne lui témoignerez qu’une partie de l’intérêt qu’il vous inspire, cela suffira pour vous assurer son amitié.

— Son amitié ! répéta Ermance en levant au ciel ses yeux pleins de larmes ; son amitié ! quand j’aurais pu mériter… Mais ce sentiment est encore plus que je ne dois prétendre ! Ah ! unique ami ! s’écria-t-elle en tendant ses bras vers son oncle, maintenez mon courage dans cette cruelle épreuve ; parlez-lui, dites ce que je ne saurais proférer ! Si je ne suis soutenue par votre volonté, si vous n’êtes point là pour me rappeler sans cesse le serments que je vous ai fait, je sens que le remords, la faiblesse m’entraîneront à l’aveu de ma honte ! Ah !1 ne permettez pas que je devienne deux fois coupable !