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la profonde douleur peinte sur le front de la reine Hortense en confirmait assez la nouvelle.

Tant que dura cette solennité, Ermance oublia ses propres chagrins ; elle se rappela ce qu’elle avait entendu dire, chez madame Campan, du bonheur de cette aimable Hortense, dont l’éducation était un modèle sans cesse offert aux jeunes élèves qui paraissaient devoir se distinguer. Combien toutes enviaient ses talents, ses succès, enfin sa destinée brillante ! Et pourtant que de malheurs devaient bientôt frapper cette jeune mère, cette tendre fille !

Au cercle qui suivit le banquet, l’empereur s’approcha de madame de Cernan et de sa nièce dont l’éclatante parure attirait tous les regards, et faisait encore plus ressortir la pâleur et l’abattement de son visage. Il lui fit un compliment sur la cause de cette pâleur, qui la rendait encore plus belle, et sur le courage qu’elle avait eu de venir, quoique souffrante, embellir sa cour ; puis lui ayant demandé, en riant, si elle avait déjà choisi un parrain à son enfant, il se proposa de la manière la plus gracieuse.

Heureusement pour Ermance dont la confusion est extrême, madame de Cernan s’empresse de remercier l’empereur au nom de son neveu, en ajoutant que la famille des Lorency serait bien fière d’un si grand honneur : c’était ce qui pouvait le flatter davantage.

Absorbée dans les réflexions que cette insigne faveur fit naître dans son esprit, Ermance s’avoua qu’elle n’aurait jamais le courage d’en parler à son mari, et ne sortit de sa pénible rêverie que pour prier madame de Cernan d’écrire à Adhémar ce qu’elle venait d’entendre.

— Certainement, dit la comtesse, je me charge avec plaisir de lui faire le récit de cette journée, une des plus remarquables des fastes de la cour. Il saura au moins combien vous étiez belle et gracieuse, chose dont vous ne lui diriez pas un mot ; je suis bien aise de lui apprendre que cette jeune personne, qui n’avait pas une idée du monde avant d’y entrer, s’y fait distinguer aujourd’hui par le maintien et les discours de la femme la plus comme il faut ; je vous avoue que je