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citait de la savoir auprès de lui, et le priait de lui donner souvent de leurs nouvelles à tous deux ; il s’excusait de n’avoir point profité de la faculté qu’on lui avait laissée de venir passer quelques mois à Paris, par des raisons de devoir assez peu convaincantes : au total, cette réponse était dans les termes qu’avait désirés le président, et il s’empresssa d’en faire part à sa nièce.

La duchesse d’Alvano n’était point de service lors du voyage de Fontainebleau ; Ermance n’avait pas eu l’occasion de la rencontrer, mais elle ne pouvait plus longtemps échapper à cet ennui. La solennité du 3 décembre allait réunir toute la cour. Le Te Deum fut chanté à Notre-Dame, avant la séance impériale du corps législatif : jamais cortége plus imposant n’avait attiré la foule, jamais la présence de l’empereur n’avait excité autant d’applaudissements et d’enthousiasme. De retour au château, il y eut réception d’ambassadeurs et grand couvert ; ce qu’on appelait alors banquet impérial. Les rois de Saxe, de Bavière et de Wurtemberg y figuraient à côté des rois de la famille ; l’impératrice, les reines, les princesses étaient resplendissantes d’or et de pierreries ; mais tout en admirant ce spectacle éblouissant, on se sentait ému de compassion en voyant le front abattu de la malheureuse Joséphine s’incliner sous ce diadème éclatant qu’elle savait déjà n’avoir plus que cette fois à porter.

Contrainte à se montrer revêtue des habits impériaux, parée de toutes les magnificences mondaines, ainsi que la religieuse qui se couronne encore une fois de diamants et de fleurs au moment de quitter pour jamais le monde, l’impératrice offrait l’image du plus cruel supplice qu’ait jamais imposé l’inconstance d’un despote. Chambellants, dames du palais, invités, tous discouraient autour d’elle sur la barbarie de forcer la femme que l’on avait répudiée quelques jours avant, à représenter encore l’effigie de sa puissance perdue. Chacun savait la scène qui avait eu lieu le 30 novembre : le divorce était décidé ; le désespoir, les cris, les convulsions de Joséphine, en apprenant de la bouche même de l’empereur, cette irrévocable résolution, en avaient instruit tout ce qui les approuvait, et