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Et, passant de ce grand sujet aux fêtes qui se préparaient à Paris, il ajouta qu’il fallait que toutes les jeunes femmes de la cour en fissent l’ornement. C’était prescrire un nouveau devoir à Ermance.

Sur l’avis de son oncle, elle se décida à rester à Paris le temps que devaient durer ces réjouissances. M. Brenneval, de retour de ses terres en Normandie, allait partir pour Bayonne. Il était indispensable qu’elle restât près de lui pendant son court séjour à Paris. Elle avait d’ailleurs à le remercier d’une nouvelle preuve de sa généreuse tendresse.

— Si bien qu’on puisse être chez son beau-père, avait-il dit en la revoyant, on est encore mieux chez soi. C’est pourquoi, ma chère enfant, je t’ai fait arranger le petit hôtel qui donne sur les Champs-Élysées ; tu n’en garderas pas moins un appartement chez moi, que tu pourras habiter dans l’absence de ton mari ; mais vous serez tous deux plus libres chez vous. Viens voir si ce présent est de ton goût ; il devait être prêt pour le jour de ta fête ; mais les ouvriers n’en finissent jamais.

La reconnaissance de madame de Lorency pour un don si magnifique redoubla en voyant avec quel soin son père avait réuni dans cette belle maison tout ce qui pouvait être agréable à son mari et à elle. Partout une noble simplicité se joignait à la recherche et à l’élégance : l’appartement d’Adhémar, orné de tableaux de batailles de nos meilleurs peintres, était meublé avec un goût sévère ; celui d’Ermance était rempli des charmantes inutilités qui font la parure d’un joli parloir. Cette mode polonaise de couvrir les tables, les consoles d’objets ou de souvenirs précieux, commençait à s’établir chez les femmes élégantes, et ces petits salons étaient déjà, comme à présent, l’enseigne des goûts et quelquefois du caractère de celle qui présidait à son arrangement. Le faste des livres ouverts et chargés de signets de papier dénonçait la pédante ; la multiplicité des instruments du musique, l’artiste ; les dessins commencés, les manuscrits épars, les ouvrages étrangers, la femme à prétention. Celle que le simple désir de rassembler ce qui pouvait charmer ses moments de soli-