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ici pour imaginer qu’il s’en éloigne volontairement, ajouta M. de Maizières en regardant Ermance.

Mais elle était trop persuadée de la vérité de cette nouvelle pour paraître en douter. La conduite d’Adhémar ne pouvait l’étonner. Ne l’avait-elle pas autorisée en gardant avec lui un silence offensant ? n’avait-elle pas provoqué, par sa froideur et ses larmes, l’éloignement qui la désespérait ? Ah ! l’on ne connaît bien toute l’étendue d’un malheur que lorsqu’on s’en accuse !



XX


Le voyage de Fontainebleau fut abrégé par la contrainte qu’éprouvait l’empereur de se trouver plus souvent seul avec l’impératrice, et la difficulté de cacher au petit nombre de personnes admises au cercle du soir le trouble qui régnait dans l’auguste ménage. Madame de Lorency et sa tante ne passèrent que deux jours à Fontainebleau. Jamais l’empereur n’avait paru si triste. Quant à la malheureuse Joséphine, elle pleurait, sans s’en apercevoir, en parlant de choses indifférentes.

— Vous vous êtes sans doute bien trouvée des eaux d’Aix-la-Chapelle ? dit-elle à madame de Lorency. Je me rappelle les avoir prises à une époque…

Puis, essuyant ses yeux, elle continue :

— C’était avant la campagne d’Austerlitz, dans le beau temps de ma vie… L’empereur est venu m’y rejoindre avant d’aller combattre les Autrichiens ; il croyait alors que je lui portais bonheur, et il se détournait quelquefois de cent lieues pour venir m’embrasser avant de commencer une nouvelle campagne.

Ainsi, mêlant à tout l’idée qui l’accablait, l’esprit le moins pénétrant devinait bientôt la cause de ses larmes.

— Votre mari demande à servir en Espagne ? dit l’empereur à madame de Lorency ; il veut donc absolument être général. Eh bien, il le sera à la première affaire : c’est fort bien à lui d’aimer la gloire avant tout…