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fort heureux avant qu’une rivale, jalouse du beau M. de***, l’Apollon des banquiers, ne se fût avisée de saisir chez lui toute une correspondance de la main de madame de T…, pour en faire hommage au mari.

— Quelle indignité ! s’écrièrent toutes les personnes présentes.

— Et M. de M… va donner à cette femme le plaisir de voir réussir sa vengeance ! je lui croyais plus d’esprit, dit M. de Montvilliers.

— Ah ! c’est qu’en pareil cas on le perd, répondit M. Godeau, enchanté de sa réplique.

— Ce qui ne prouve pas qu’on en avait beaucoup, reprit le président. Eh bien, M. de T… va donc amuser tout Paris à ses dépens ; car si le mépris est pour sa femme, le ridicule sera pour lui.

— Quelle injustice ! s’écria Ermance ; quoi ! parce que sa femme est coupable, M. de T… doit être l’objet de la risée publique !

— Rien de plus injuste, j’en conviens, mais c’est un usage depuis trop de temps établi pour ne pas receler quelque chose de bon ; et je crois l’avoir trouvé dans l’indulgence de certains offensés, qui préfèrent une vengeance généreuse, propre à amener le repentir, à l’éclat d’une rupture dont le scandale retombe sur eux.

En disant ces mots, M. de Montvilliers, qui avait les yeux sur Ermance, s’étonna de la voir pâlir ; une tristesse soudaine s’empara de lui, il se rappela l’entretien qu’elle lui avait fait demander, et craignit qu’elle n’eût une confidence pénible à lui faire. C’est quelques soupçons jaloux, pensa-t-il ; mais, désirant calmer son esprit et lui donner tous les conseils d’une amitié éclairée, il profita d’un moment pour lui dire :

— Je n’aurai pas tous les jours de si pompeuses visites et si tu veux me donner demain les moments que tu me destinais…

— Oh ! oui, mon oncle ! interrompit vivement Ermance ; j’ai besoin de vous parler… il faut…

Et M. de Montvilliers, s’apercevant qu’Ermance est prête à