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personne qui était fraîche comme sa guirlande de roses.

On devine avec quel plaisir la vanité d’Amédée recueillait ces louanges, et quel air modeste il prit pour y répondre ; c’est la seule fatuité de bon goût que le plus humble des hommes ne se refuse jamais. En voyant le succès qu’obtenait Angéline, M. de Vilneuse forma le projet de se consacrer à elle toute la soirée.

Planté debout derrière la place qu’elle occupait à la contredanse, il profite de tous les intervalles pour lui adresser de ces mots insignifiants pour tout le monde, et trop bien compris par elle.

Les flatteries, les reproches tendres et coquets, rien ne triomphe du sérieux glacial ou plutôt du ressentiment empreint sur le visage d’Angéline. Elle s’efforce de ne pas écouter et plus encore de ne pas répondre.

— Serait-il vrai ? dit-il, après avoir épuisé toutes les phrases qui lui réussissaient ordinairement ; quoi ! vous auriez de l’humeur, vous, si douce, si parfaite ? Il y aurait au monde un être assez heureux pour être auteur de cette charmante maussaderie ? Ah ! gardez-vous bien