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Angéline avait dit quelques mots bien bas sur le regret de n’y point aller, car elle y aurait vu M. de Vilneuse ; mais comme il aurait fallu faire la dépense d’une robe de bal pour elle et d’une robe parée pour sa mère, la raison d’Angéline lui avait fait bientôt abandonner cette idée.

Madame Vandermont avait connu autrefois le ministre diplomate, elle obtint facilement des billets pour son bal, et la surprise d’Angéline fut complète, lorsqu’en se retirant le soir dans sa chambre, elle trouva une jolie robe de crêpe blanc, garnie de rubans de gaze, et une guirlande de roses suspendue à ses rideaux ; sur sa cheminée étaient les billets d’invitation du ministre, un bouquet et une ceinture élégante.

À cette vue, Angéline sauta de joie comme une enfant :

— J’irai au bal ! s’écria-t-elle ; il me verra avec cette charmante parure. Oh ! que ma mère est bonne de me donner ce plaisir !

Puis elle passa la nuit à rêver sans dormir ; il lui semblait impossible que l’homme à qui elle plaisait dans sa simple robe de mousseline, ne devînt pas fou d’elle en la voyant dans tout l’éclat d’une parure de si bon goût.