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conserver le moindre doute sur la franchise de ses sentiments.

Qu’il faut peu de chose pour enivrer d’espérance un cœur naïf et dévoué ! M. de Vilneuse était venu de bonne heure dans l’intention de finir sa soirée au bal de l’ambassadrice d’Autriche ; quelques personnes, venues depuis lui chez madame Vandermont, parlèrent de cette réunion brillante à M. de Vilneuse comme ne doutant pas qu’il ne s’y rendît.

— Ah ! vous allez au bal ? lui dit Angéline en levant sur lui des yeux où la joie venait tout à coup de s’éteindre.

— J’y allais, répondit Amédée de l’air le plus gracieux ; mais si voulez bien me le permettre, je vais faire dire qu’on renvoie ma voiture.

Avec quel empressement Angéline tira le cordon de la sonnette ! comme ces mots : Dites à mon cocher de revenir à minuit, lui semblèrent harmonieux et doux ! Que ce sacrifice d’un bal renfermait d’avenir ! Il faut avoir aimé, et aimé sans confiance ; avoir été sans cesse ramené au doute par de petits procédés échappés à l’égoïsme ou à l’indifférence, pour connaître l’effet d’une action positivement affectueuse, ou