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Et madame de Géneville, qui tenait un de ses enfants dans ses bras, courut à son tour embrasser sa mère.

On donna pour boire au messager de cette bonne nouvelle, on se réjouit comme s’il s’agissait d’un riche héritage, et pourtant cette place tant désirée ne devait rapporter que 6,000 fr. par an. Mais combien cette somme, jointe à celle qui pourvoyait au nécessaire, devait ajouter de plaisirs dans cet heureux ménage !

Assise dans sa bergère au coin du feu, madame Vandermont contemplait la joie répandue sur les jolis visages de ses enfants ; car Angéline, en voyant le bonheur que cette légère réparation du sort causait à sa famille, oubliait ses craintes personnelles. Ce qui acheva de la distraire de ses tristes pressentiments, ce fut l’arrivée de M. de Vilneuse ; il vint ce soir-là plus tôt qu’à l’ordinaire, et prit part à la joie générale comme s’il eût déjà fait partie de la famille. Il serrait la main de Géneville, lui adressait des félicitations qui paraissaient si sincères ; il lui faisait présager avec tant de confiance de nouvelles faveurs de la destinée, et tout cela d’un ton si fraternel, qu’il n’y avait pas moyen de