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je vous avoue qu’à la place d’Angéline je préférerais bien son caractère noble et fier, son esprit ingénieux et profond même, à tous les avantages brillants de M. de Vilneuse.

— Tout cela peut être juste ; mais Amédée a une position dans le monde, une fortune toute faite, et le pauvre Isidore…

— Fera la sienne, interrompit madame de Géneville. Il est du petit nombre de gens qui ont des idées, et, de plus, l’activité qui sait les faire valoir ; vous verrez qu’il ira loin.

— Je le souhaite ; mais, en attendant, il marche à l’ombre ; et, comme il n’a pas pensé à plaire à votre sœur, il n’est pas probable qu’il prenne jamais sur elle le moindre empire.

— Ah ! s’il le voulait bien.

— Votre mère serait trop raisonnable pour donner sa fille à un homme de vingt-quatre ans, sans état dans le monde, sans autre moyen d’existence que son industrie présumée. Convenez-en, ma chère Mathilde ; ce serait une folie impardonnable. Mais je voudrais bien en être à la combattre ; car je ne sais pourquoi l’amour de M. de Vilneuse ne me paraît pas ce qu’il devrait être. Il me prend quelquefois l’envie d’aller tout