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madame Vandermont avait été pendant près de trois ans sous le poids d’une tristesse muette qui avait inquiété sa famille ; enfin, soit que sa santé fût meilleure ou que sa pieuse philosophie eût triomphé de ses longs regrets, ses enfants la voyaient se ranimer chaque jour davantage ; sa gaieté même semblait revenue, et, comme elle était, pour ainsi dire, l’âme de tout ce qui l’entourait, son retour à une vie moins triste avait fait succéder le bonheur au chagrin dans sa famille, sans que nulle chance heureuse eût apporté le moindre changement dans sa fortune.

C’était l’œuvre du temps, disait madame de Géneville à son mari ; ma mère devait succomber à sa nouvelle situation ou la surmonter gaiement ; d’ailleurs, n’ayant jamais vécu que pour ses enfants, l’idée de nous savoir ruinés avait triomphé de toute son énergie ; elle a cru que nous tomberions dans le découragement ; mais, depuis qu’elle voit que cette vie modeste nous plaît, que, grâce à l’étude des arts, aux amis spirituels que nous avons conservés, nous passons des jours encore fort agréables dans notre petite retraite, elle a pris son parti sur le passé ;