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prévoir aucun événement heureux, elle voyait dans le calme de sa mère la preuve que son bonheur ne pouvait pas être à jamais perdu.

Cette conversation avait lieu dans un modeste appartement de la Chaussée-d’Antin, où madame Vandermont demeurait avec sa fille aînée, son gendre, leurs deux petits enfants, et sa fille Angéline ; établissement bien différent de celui qu’elle avait du vivant de son mari, lorsqu’elle habitait à elle seule une des plus élégantes maisons de Paris, et dans laquelle elle réunissait tant de gens distingués. Madame Vandermont avait aussi un fils qui, n’ayant point d’argent pour payer aucun cautionnement et suivre la carrière de son père, s’était vu contraint à entrer dans l’armée ; il avait l’espoir de s’y distinguer un jour ; mais que de temps et de fatigues il fallait braver avant d’arriver à un grade supérieur !

Malgré son courage à supporter les malheurs qui réduisaient son modique revenu au strict nécessaire, malgré la dignité de son caractère qui l’empêchait de jamais se plaindre des privations les plus cruelles pour une personne habituée à tout le bien-être d’une riche existence,